Géante de la fast-fashion, l’entreprise chinoise Shein règne en maître absolu sur le marché de l’habillement tendance et pas cher. Le problème, c’est que pour proposer des prix aussi bas, Shein rogne clairement sur la qualité des produits, les conditions de production et les conséquences environnementales (entre autres). De fait, la marque se retrouve très régulièrement au cœur de polémiques conduisant des consommateurs de plus en plus nombreux à boycotter purement et simplement la firme chinoise.
Focus aujourd’hui sur les pratiques problématiques de ce géant de la mode : tout ce que vous devez savoir sur le boycott de Shein.
Qui est Shein ?
Fondée en 2008 par l’entrepreneur chinois Chris Xiu, Shein s’appelle au départ “Sheinside” et est spécialisée dans la vente de vêtements féminins. La marque débarque en France en 2010 et commence à se faire connaître à partir de 2012, lorsque les partenariats avec des influenceurs se multiplient.
En 2015, “Sheinside” devient “Shein” et son succès grandit à une allure folle, séduisant des millions d’ados et jeunes adultes partout dans le monde. Aujourd’hui, Shein est disponible dans plus de 100 pays dans le monde et pèse plus lourd que les deux géants de la fast fashion H&M et Inditex réunis.
Le secret de ce succès est à chercher du côté de la communication agressive mais efficace de la firme, qui ensevelit littéralement les réseaux sociaux sous ses produits, promos et partenariats avec les influenceurs.
Bien sûr, la marque n’aurait pas connu un tel succès sans ses prix, incroyablement bas par rapport au marché, pourtant très concurrentiel, de la fast-fashion. En moyenne, un article Shein coûte 7 € ; on trouve des tee-shirts dès 2 € et des robes pour une dizaine d’euros à peine.
Pourquoi boycotter Shein ?
Comme nous le disions plus haut, Shein est très régulièrement au cœur de polémiques et les appels au boycott se multiplient. Voyons pour quelles raisons au juste on devrait tous et toutes boycotter Shein.
Une production désastreuse pour l’environnement
Shein tient sur la sur-production de biens de consommation non-recyclables : on produit des quantités de vêtements astronomiques et on renouvelle les créations en permanence.
Ce qui pose problème ici, d’un point de vue environnemental, c’est qu’en produisant quotidiennement des nouveautés, toutes en matières synthétiques (donc produites à partir de pétrole), on produit inévitablement des vêtements de piètre qualité et qui passent de mode quasi-instantanément. Autrement dit, les vêtements sont quasiment à usage unique, et emplissent les décharges du monde entier.
D’après Teenage Lab, qui a étudié l’impact carbone de la consommation des adolescents, Shein représente plus de 20% des émissions de CO2 des adolescentes françaises.
Par ailleurs, au-delà du coût environnemental évident de la fabrication de matières synthétiques à partir de combustibles fossiles, se pose aussi la question de la pollution des eaux en Chine et, sur le long-terme, dans le monde entier. En effet, peu regardante sur la composition de ses teintures, l’entreprise pollue dangereusement l’eau tout autour de ses usines, avec, entre autres, des polluants éternels, connus pour être des perturbateurs endocriniens. Les populations vivant à proximité des usines sont donc très à risque, mais, puisque ces polluants sont éternels, c’est en réalité l’ensemble de la population terrestre, et même l’ensemble des êtres vivants qui sont mis en danger par les pratiques de la marque.
Des conditions de travail abominables pour les employés
Pour produire autant de pièces, toute l’année, et les expédier partout dans le monde, Shein s’appuie sur l’exploitation d’ouvriers et d’ouvrières originaires des provinces les plus pauvres de Chine, qui travailleraient jusqu’à 12h par jour et auraient un seul jour de congé par mois. Ce sont, en tous cas, les conclusions d’une enquête publiée par l’ONG Suisse Public Eye en 2021.
De plus, d’après une enquête du média Bloomberg, la firme chinoise bénéficierait de l’exploitation des Ouïghours, cette minorité musulmane de Chine dont la majeure partie est détenue de force dans ce que la Chine appelle des “camps de rééducation”, où le travail forcé fait les choux gras de plusieurs enseignes de fast fashion, dont Shein bien sûr.
Ce n’est donc qu’au prix d’un système d’exploitation ultra-violent pour les employés (et la planète) que l’on peut vendre en France et en Occident des robes à 10 €.
Des produits dangereux pour la santé
Délétères pour l’environnement et socialement dramatiques, les pratiques Shein sont aussi mauvaises pour la santé des consommateurs.
D’après un rapport de Greenpeace, publié en 2022, une quantité non négligeable de produits de la marque contiendrait des substances chimiques nocives pour la santé humaine. Les analyses chimiques menées sur les produits sélectionnés ont en effet mis en évidence des taux de phtalates, cadmium, baryum, arsenic, plomb ou encore mercure jusqu’à 20 fois supérieurs à la limite autorisée.
Si cela pose des problèmes évidents pour la santé des consommateurs, celle des ouvriers et ouvrières qui sont exposé.e.s de près et quotidiennement à ces substances hautement nocives est également en jeu.
Le plagiat de designs de petits créateurs
Enfin, il faut noter que Shein a déployé des algorithmes ultra-performants qui, en scannant constamment internet, repèrent les nouveautés et sont en mesure de prédire lesquelles pourraient avoir du succès auprès de leur cible.
Ainsi, plusieurs cas de plagiat de modèles de jeunes créateurs ont été rapportés, sans que Shein ne dédommage les designers ni ne présente d’excuses publiques.
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