Véritable génie du style et vivement engagée pour une mode plus durable, la toute jeune créatrice Marine Serre a fait de l’upcycling sa marque de fabrique, et l’une des tendances les plus hot de l’année.
Propulsée au sommet de la fashion sphère par le LVMH Prize, qu’elle a gagné en 2017, la styliste Marine Serre n’a, depuis, rien perdu de son génie ni de son succès.
Focus sur la trajectoire éclatante de l’une des fières représentantes de la mode française dans notre article du jour !
Mais qui est Marine Serre au juste ?
Marine Serre est la fille d’une fonctionnaire et d’un contrôleur de la SNCF, née à Brive-la-Gaillarde, au cœur de la Corrèze. Loin des grandes villes et des sirènes des chaînes de prêt-à-porter (Brive-la-Gaillarde n’étant pas exactement le cœur battant de la mode à la française), Marine Serre a découvert la mode dans les rayonnages d’Emmaüs et sur les étals des brocantes de la région.
Cette entrée de côté dans le monde de la mode lui a permis, très tôt, d’expérimenter en rafistolant, découpant et déconstruisant les pièces plus ou moins anciennes qu’elle dégottait en seconde main.
Passionnée d’art depuis toujours, elle quitte sa Corrèze natale pour un lycée spécialisé dans les Arts appliqués en internat dans la Creuse, à La Souterraine. Elle découvre dans cette toute petite ville une friperie “fantastique”, comme elle le confiait au magazine Marie-Claire, qui lui permet d’expérimenter avec des looks originaux : “j’adorais mixer sur mon corps des choses qui n’allaient pas forcément ensemble.”
Après le lycée dans la Creuse et un BTS à Marseille, Marine Serre file à Bruxelles, où elle intègre la prestigieuse École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre. Au cours de ses études, elle a l’opportunité de réaliser des stages chez les plus grands noms de la mode, à l’instar de Balenciaga, Maison Margiela ou encore Alexander McQueen.
Sa collection de fin d’année, baptisée “Radical Call For Love”, un mélange de “vêtements luxueux d’inspiration européenne et arabe du XIXe siècle qui arborent des coupes et une esthétique sportswear”, marque les esprits par sa vision inédite, audacieuse et résolument tournée vers le futur.
Voilà de quoi bien lancer une carrière !
Un succès fulgurant… Qui ne tarit pas
Alors qu’elle vient tout juste de lancer son label éponyme, Marine Serre remporte en 2017 le prestigieux prix LVMH, qui récompense les jeunes créateurs et leur offre une bourse.
En plus de l’apport financier évidemment bienvenu pour faire évoluer sa marque, Marine Serre bénéficie de l’exposition que lui offre cette récompense, qui lui permet de rencontrer très vite un immense succès.
En un rien de temps, ses créations hybrides à base de tissus récupérés séduisent le microcosme de la mode. De Beyoncé à Adèle en passant par Nabilla, des stars de la K-Pop et même Michelle Obama, tout le monde s’affiche avec le logo en forme de croissant de lune de Marine Serre.
Et le même succès est au rendez-vous à chacune des nouvelles collections présentées par la créatrice. Ses défilés, dont l’esthétique très travaillée porte toujours un message politique fort, font salle comble à chaque fois, et les magazines n’en ratent jamais une miette !
Par exemple, pour sa collection “Radiation” (saison automne-hiver 2019-2020), Marine Serre avait organisé son défilé dans d’anciennes carrières de craie près de Paris pour créer une atmosphère proche du post-apocalyptique, rendue plus prégnante encore avec de savants jeux de lumière. Pour sa collection printemps-été 2020, l’ambiance était à la marée noire, pour faire écho aux grandes problématiques environnementales actuelles.
Marine Serre invite la fripe sur les podiums grâce à l’upcycling
Comme nous l’évoquions, l’une des signatures stylistiques de la brillante Marine Serre est son goût pour l’upcycling, c’est-à-dire pour l’art de redonner vie à des pièces abandonnées en les retravaillant. Cette manière de faire, éminemment écologique, est aussi liée au parcours de la créatrice, qui a toujours dû faire avec peu de moyens lorsqu’elle était plus jeune, et jusqu’au prix LVMH.
Selon les collections, entre 30 % et 50 % des silhouettes sont issues de tissus recyclés, du jamais vu dans le monde très sélect (et très consommateur de ressources il faut l’avouer) de la mode et du luxe. Comme elle l’explique elle-même, son ambition est de “créer avec ce que l’on a, sans perdre la valeur de la pièce mais au contraire, en lui donnant de la valeur ajoutée par le temps que l’on passe à lui redonner une seconde vie.” Un état d’esprit qui séduit et fait du bien !
Un procédé de création réinventé
Le fait d’inclure des textiles upcylés dans les collections nécessite de modifier en profondeur le procédé de création. Là où tout commence en général par un dessin puis des recherches de tissus, le travail de Marine Serre s’articule d’une tout autre manière.
Elle se rend en effet, avec son équipe, dans des entrepôts à la recherche de pièces laissées à l’abandon (de l’habillement autant que du linge de maison) au sein desquelles s’opère une sélection en fonction de la couleur, provenance, saison, du climat politique actuel… Puis les pièces choisies sont lavées et triées, avant que le travail de design ne commence. C’est-à-dire que c’est le tissu qui inspire le vêtement, et non l’inverse.