« Maigrir sans régime après l’été », « Perdre du poids avant les fêtes de fin d’année »… Chaque saison est propice à nous entraîner dans la spirale des régimes. Si vous avez entendu parler de l’alimentation intuitive, vous vous êtes peut-être dit que c’était le nouveau régime à la mode. Que nenni ! Cette approche de l’alimentation vise à déconstruire la culpabilité des compulsions alimentaires, à dire adieu pour de bon aux crises d’hyperphagie. Vous pensez être accro au sucre et n’avoir aucune volonté dès qu’il s’agit de cesser de manger ? Alors cet article est fait pour vous…
Pourquoi l’alimentation intuitive ?
Derrière ce nom un peu mystique se cachent des chiffres qui font froid dans le dos :
- 1 femme sur deux a une relation biaisée avec la nourriture
- Sur le long terme, 80 % du poids perdu avec un régime est repris, accompagné de quelques kilos supplémentaires la plupart du temps
On peut donc en conclure que les régimes ne fonctionnent pas (si c’était le cas, il n’en sortirait pas de nouveau chaque saison, toujours plus révolutionnaire) et que les troubles du comportement alimentaires sont beaucoup trop répandus. Hyperphagie, compulsions alimentaires, boulimie, anorexie : pas besoin de finir sous perfusion à l’hôpital pour en souffrir.
La science l’a prouvé : nous naissons tous avec la capacité de gérer nos sensations de faim et de répondre à notre appétit sans culpabilité. C’est la culture des régimes et la pression exercée par les diktats de la société qui dérèglent un fonctionnement initialement sans faille.
L’alimentation intuitive, c’est quoi au juste ?
L’alimentation intuitive propose de retrouver une relation saine avec la nourriture en écoutant son corps, ses sensations de faim et de satiété. Parce que ses sensations corporelles sont des signaux internes que le corps nous envoie quand il a besoin d’énergie, de réconfort, ou de nutriments spécifiques. Une envie de yaourt aussi étrange que subite peut être le signe d’un manque de calcium, pour ne citer que cet exemple.
Quand on suit un régime ou un rééquilibrage alimentaire (qui n’est rien d’autre qu’une appellation trompeuse pour dédramatiser le régime), on se prive. Oh bien sûr ! De plus en plus de programmes proclament la liberté absolue de manger ce qu’on aime sans contrainte, superaliments ou non. Si tel était le cas, on n’aurait pas besoin de suivre ce programme ! Derrière ces plans alimentaires faussement permissifs se cachent en réalité un quota de points à ne pas dépasser chaque jour, des heures après lesquelles ne plus manger, une diabolisation des sensations de faim, etc. À partir du moment où il y a des règles, il y a de la restriction.
À l’inverse, l’alimentation intuitive repose sur l’idée que notre corps est capable de réguler naturellement notre poids et notre équilibre alimentaire. À condition bien sûr de lui faire confiance et de respecter ses besoins.
Le mangeur intuitif est connecté à ses sensations de faim, physiques ou émotionnelles, et ce sont elles qui guident ses prises alimentaires. Pas les jugements et les idées préconçues sur les aliments (« si vous avez envie de chocolat, buvez un grand verre d’eau et mangez une pomme ! »).
Ainsi, il est possible de retrouver son poids de forme, qui n’est pas forcément celui dont nous rêvons, mais celui qui permet à notre organisme de fonctionner de façon optimale. Avec l’alimentation intuitive, les personnes qui se situent au-dessus de ce poids de forme vont ainsi perdre du poids puisque le corps à l’équilibre saura retrouver son cap. On peut ainsi dire qu’elle permet de maigrir sans régime, même si c’est un peu trompeur dans la mesure où la perte de poids n’est en aucun cas une des promesses de l’alimentation intuitive.
Comment devenir un mangeur intuitif ?
L’alimentation intuitive repose sur 10 principes qui s’inscrivent dans un raisonnement logique. Inutile de vouloir aller plus vite que la musique ! Voyons-les plutôt comme des étapes à gravir une à une. Une fois validée la première, la seconde se débloque et ainsi de suite.
Rejeter la mentalité des régimes
Quand on a été au régime pendant des années, voire toute une vie, c’est effrayant de ne plus suivre de plan alimentaire. La diet culture omniprésente dans notre société nous a fait perdre confiance en nous et en nos capacités à réguler nos prises alimentaires en fonction de nos sensations de faim, de nos émotions, etc.
Une autre peur courante en abandonnant les programmes pour perdre du poids, c’est de tomber dans l’hyperphagie : « Je me connais, s’il n’y a pas de règles, je vais manger un paquet de biscuit par jour ! ». Or, ce sont bien les régimes qui engendrent les compulsions et autres troubles du comportement alimentaire. Diaboliser des catégories d’aliments ne fait que les rendre plus attrayantes et exceptionnelles. Et rend impossible la demi-mesure quand on s’autorise à en manger, puisque pour notre cerveau, c’est du domaine de l’ultra exceptionnel, qui ne devrait pas se reproduire de sitôt.
Il faut également prendre conscience des réflexes mis en place pour maigrir sans régime. Tellement incarnés qu’on n’en a même plus conscience, et qui pourtant font partie de la mentalité des régimes : compter les calories, prendre une salade plutôt que le burger qui nous fait pourtant envie, compenser un repas copieux par un jeûne ou une séance de sport supplémentaire, etc.
Honorer sa faim
Les sensations de faim sont les signaux que notre corps nous envoie lorsqu’il a besoin d’énergie. Si les régimes nous ont appris à les nier, voire à les tromper à grand renfort de verres d’eau et de boissons allégées, il est urgent de s’y connecter à nouveau pour venir un mangeur intuitif. Les signaux de la faim sont cependant assez difficiles à reconnaître, surtout si l’on souffre de troubles du comportement alimentaire. Gargouillis dans le ventre, maux de tête, perte de concentration : ils varient d’une personne à l’autre, mais sont surtout croissants. Le corps envoie des signaux légers dans un premier temps, avant de forcer sa voix pour être entendu. Avec l’alimentation intuitive, on apprend à être à l’écoute pour combler nos besoins nutritionnels.
Faire la paix avec la nourriture
Cette étape de l’alimentation intuitive peut être complexe pour les personnes sujettes à l’hyperphagie. Mais c’est un passage obligé pour devenir un mangeur intuitif et se débarrasser des troubles du comportement alimentaire. Faire la paix avec la nourriture, c’est enlever chacune des étiquettes que nous avons mises sur les catégories d’aliments au fil du temps. « Burger : pas bien. Salade verte : bien. » Une fois neutralisés, nous pouvons les consommer par envie, par besoin physiologique et non pour respecter des règles. Et nous donner la permission inconditionnelle de manger.
Défier la police de la nourriture
Perdre du poids est sacralisé dans notre société au point que la culture des régimes est omniprésente. Défier la police de la nourriture, c’est faire taire sa voix intérieure et se détacher de celles de l’extérieur. Oui, vous avez le droit de vous resservir si vous avez encore faim. Non, vous n’avez pas à vous justifier face à celles et ceux qui s’offusquent « C’est comme ça que tu penses perdre du poids ? ».
Découvrir la satisfaction
Outre les sensations de faim, la satisfaction est un élément clé de l’alimentation intuitive. Être un mangeur intuitif, c’est mettre le plaisir à l’honneur. Manger une salade de concombre quand on rêve d’une pizza, ça n’est pas satisfaisant. Aller au fast food deux heures après un repas copieux, ça ne l’est pas non plus. En s’immergeant dans l’alimentation intuitive, on redécouvre les joies du palais et le plaisir des repas savoureux, qui nous apportent ce dont on a besoin et envie, au moment le plus opportun.
Ressentir la satiété
La satiété, c’est avoir assez mangé. Et pour la ressentir, il faut ne plus jamais avoir peur d’avoir faim. Subtile, elle se traduit par la disparition des sensations de faim. Cela ne veut pas dire qu’il faille absolument s’arrêter de manger à ce moment précis, mais que la faim biologique a disparu. Et ce n’est possible que si on a la permission inconditionnelle de manger, qui détruit la peur de manquer qui nous pousse à manger jusqu’à la dernière miette.
Intégrer ses émotions avec bienveillance
La faim biologique n’est pas le seul déclencheur des prises alimentaires, et ce, même chez le mangeur intuitif. La fatigue, l’ennui, la frustration ou le besoin de réconfort peuvent engendrer une envie de manger. Pour pouvoir apprendre à les gérer autrement, il faut tout d’abord les identifier pour les accueillir avec bienveillance. Rentrer du boulot épuisée et dévorer des tartines de fromage avant que les enfants ne rentrent n’est pas toujours guidé par une faim biologique, mais plutôt par un besoin vital de faire une pause avant d’entamer sa deuxième journée.
Respecter son corps
Quand on veut perdre du poids, on aime rarement son corps. Logique, sinon on ne chercherait pas à le modifier. Et pourtant ! Cette étape de l’alimentation intuitive est assez simple à comprendre, mais difficile à mettre en œuvre, quand don cohabite depuis des années avec une enveloppe corporelle source d’insatisfaction. Et cela commence bien souvent par porter des vêtements à sa taille : si vous chaussez du 40, vous ne vous forcerez pas à porter des chaussures deux tailles en dessous ? Alors, faites de même avec vos vêtements !
Se mettre en mouvement
Si le sport a longtemps été une façon pour vous de compenser des crises d’hyperphagie ou des repas que vous jugiez trop copieux, il est temps de changer de point de vue. Dans l’alimentation intuitive, le mouvement n’est plus une façon de brûler des calories, mais bel et bien de sentir son corps, de s’attacher aux sensations pendant et après l’effort.
Honorer sa santé
Si cette étape est la dernière du processus de l’alimentation intuitive, c’est parce qu’elle est la suite logique des toutes les autres. Une fois bannie la mentalité des régimes, lorsqu’on a la permission inconditionnelle de manger ce qui nous plaît, le corps reprend enfin ses droits. Et l’on peut s’attacher à la qualité nutritionnelle de son alimentation. Manger une poêlée de légumes pour faire le plein de vitamines et de fibres, pas pour perdre du poids, par exemple.
Sources pour aller plus loin
Devenir un mangeur intuitif est un processus long, mais le jeu en vaut la chandelle. Pour vous aider à y parvenir, je vous conseille le livre éponyme d’Evelyn Tribole et Elyse Resch, qui est une véritable bible. Et si vous en ressentez le besoin, faites-vous accompagner dans cette démarche par un. e diététicien. ne comportementaliste, qui aura à cœur de vous aider à guérir des troubles du comportement alimentaire plutôt que de vous proposer un énième plan alimentaire révolutionnaire …
